Je mène actuellement une thèse portant sur la production et circulation des épées à poignée métallique de l’âge du Bronze en Europe occidentale, sous la direction de Guy De Mulder (professeur, université de Gand), Stefan Wirth (professeur, université de Bourgogne) et Sylvie Boulud-Gazo (maître de conférence, université de Nantes).
Les épées à poignée métallique de l’âge du Bronze, essentiellement produites à partir du Bronze moyen (XVIe siècle av. n. è.) constituent dès le XIXe siècle un objet d’étude privilégié pour les premiers archéologues. Cette tradition de recherche, portant essentiellement sur l’étude des formes et l’établissement de typologies, se poursuit au XXe siècle, durant lequel de nombreuses synthèses régionales ont été produites, notamment dans le cadre des Prähistorische Bronzefunde. Ainsi, à l’heure actuelle, ces travaux de synthèse existent pour une majorité des pays européens, à l’exception de la France et des pays du Bénélux. Les études technologiques de ces épées sont quant à elles moins nombreuses. Les savants allemands (H. Drescher, J. Driehaus, H. J. Hundt…) sont les pionniers dans ce domaine et réalisent plusieurs travaux dès la fin des années 1950 et durant les années 1960. Si quelques études ont été menées en France, cela reste néanmoins marginal, et il faut attendre le début du XXIe siècle pour que ce type de recherche trouve un nouvel élan, notamment avec l’essor de nouvelles technologies telle que la tomographie. Cette méthode d’imagerie permet de visualiser avec beaucoup de précision l’intérieur du métal de l’épée et ainsi d’étudier l’agencement des différentes pièces la composant, leur forme interne ou encore l’homogénéité du métal pour juger de la qualité de la coulée.
Une première étude des épées à manche en bronze découvertes en France a été réalisée dans le cadre d’un travail de master, montrant le potentiel jusqu’ici peu exploité de l’approche technologique pour l’étude de ces armes. Dans le cadre de la thèse, il s’agira dans un premier temps de réaliser un inventaire le plus exhaustif possible pour la zone d’étude, tout en compilant au sein d’une base de données les informations relatives aux épées déjà publiées dans les autres pays européens. En parallèle, les informations d’ordre technologiques seront acquises par des examens macroscopiques, complétés par des analyses scientifiques (imagerie, analyses élémentaires…) afin de restituer le processus de fabrication de ces armes et d’identifier les différentes étapes de la chaîne opératoire. Ces données technologiques, croisées à l’étude morphologique, des décors et des contextes de découverte, permettront de revoir la classification des épées à poignée métallique qui pose toujours problème à l’heure actuelle et de proposer une « techno-chronologie » en complément de la typo-chronologie traditionnelle.
En considérant les formes et les techniques comme des éléments constitutifs d’une culture matérielle, l’objectif principal de notre étude sera d’utiliser ces données afin d’identifier des zones de production, voire les productions de certains ateliers, et de les différencier des zones de consommation, tout en menant une réflexion sur l’organisation de la production et des artisans. Les échanges et la mobilité des biens, des idées et des personnes sont également au cœur de notre travail. Finalement, les fonctions et usages, tant matériels qu’immatériels, des épées à poignée métallique seront également étudiés